
Le père Stan Swamy, activiste des droits humains âgé de 84 ans et emprisonné depuis plusieurs mois, est décédé en Inde.
En détention depuis octobre 2020, en vertu d’une loi antiterroriste et malgré des demandes répétées de libération sous caution en raison de son grand âge et de sa santé fragile, le père Stan Swamy est décédé lundi 5 juillet à l’hôpital de Mumbai.
C’est le directeur médical de l’hôpital, le docteur Ian D’Souza, qui a annoncé le décès de l’activiste indien lors d’une session en visioconférence avec la haute cour de Bombay qui devait entendre le plaidoyer du père Stan Swamy pour sa libération sous caution en raison de son état de santé. Une audience demandée en urgence par son avocat, Mihir Desai.
Le Time of India rapporte que le prêtre jésuite a succombé à une combinaison de complications pulmonaires et de la maladie de Parkinson. Il avait également développé une septicémie. Stan Swamy est décédé à 13h24 après avoir subi un arrêt cardiaque dimanche 4 juillet à 4h30 du matin. Il n’a jamais repris connaissance même après avoir été placé sous respirateur.
🙏 Les #jésuites ont le regret de vous annoncer la mort du P. Stan Swamy sj, grand défenseur des adivasi et des personnes marginalisées, en #Inde.@JesuitsGlobal https://t.co/L5lijANfXb
— Jésuites EOF (@Jesuites) July 5, 2021
Le prêtre et militant des droits humains qui a passé plusieurs décennies à lutter pour les droits de la communauté tribale dans l’État de Jharkhand, a été arrêté en octobre 2020, inculpé en vertu de lois sur le terrorisme et placé en détention judiciaire.
Malgré son âge avancé et son état de santé fragile à cause de la maladie de Parkinson, qui s’est encore aggravée après qu’il ait contracté le Covid-19 en prison le mois dernier, les tribunaux lui ont refusé à plusieurs reprises d’être libéré sous caution. Sur ordonnance du tribunal, il avait finalement été transféré à l’hôpital et mis sous respirateur le 28 mai.
Entendu par la Haute Cour en mai dernier, il avait affirmé être prêt à accepter sa douleur : « Si je dois mourir, je mourrai ».
« La prison de Taloja m’a réduit à cet état, déchirant ma santé et mon autonomie morceau par morceau. Mais j’accepte ma douleur. Si je dois mourir, je mourrai. Je ne veux pas de privilèges. »
Le décès du plus vieux prisonnier politique de l’Inde a suscité la colère de plusieurs personnalités indiennes. L’auteure Sonia Faleiro l’affirme, « le père Stan Swamy n’est pas mort, il a été tué. » « Le régime l’a tué, il serait en vie sans eux » ajoute-t-elle dans des propos rapportés par The Guardian.
C’est également ce que déclare l’avocat et militant Prashant Bhushan qui dénonce un « meurtre par l’Etat ».
« Il s’agit rien de moins que le meurtre par l’État de l’un des hommes les plus doux et les plus gentils que j’ai connu. Malheureusement, notre système judiciaire est également complice de cela. »
Harsh Mander, un militant de premier plan, décrit le prêtre octogénaire comme un homme « voué à la défense désintéressée des droits [autochtones] des Adivasis, doux, courageux. Même de la prison, il n’a pas pleuré pour lui-même, mais pour l’injustice envers les pauvres prisonniers ». Il estime qu’un « État cruel l’a emprisonné pour faire taire sa voix ; le pouvoir judiciaire n’a rien fait pour garantir sa liberté. »
La poétesse et auteure Meena Kandasamy martèle qu’il ne faut pas parler « d’une simple mort » mais bel et bien « d’un meurtre judiciaire », « et tout le monde est complice » affirme-t-elle.
Camille Westphal Perrier
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